dimanche 17 avril 2016

Pourquoi faut-il courir à l’expo Hubert Robert au Louvre (jusqu’au 30 mai) ?


En 5 points imparables

Hubert Robert - Le port de Ripetta à Rome. 1766 (Ecole Nationale des Beaux-Arts, dépôt du Louvre)


1/ Pour y « croiser » de vieux copains : le Laocoon, l’Apollon du Belvédère et le graveur Mariette.

2/ Pour lire les panneaux et les cartels sensibles de Guillaume Faroult et ses collaborateurs. Les panneaux ne sont ni trop savants ni au raz les pâquerettes, mais intelligents car ils ne s’arrêtent pas à des faits et osent proposer une interprétation.

3/ Parce que 6 œuvres m’ont particulièrement marquées, et que je veux les partager :
-       Rotonde souterraine du palais de Caprarola. Cette sanguine m’a saisie car ce morceau d’architecture de Vignole m'a, comme Hubert Robert, fasciné (et puis petit détails très contemporain : le réservoir d’eau de pluie au centre, c’est ce qu’on appelle de l’architecture durable)   
-       Baie du péristyle de St Pierre de Rome : autre sanguine remarquable pour son cadrage (la fenêtre ouverte sur le monde)
-       Le vomitorium du Colisée avec une femme et un enfant. Là encore pour son cadrage, mais aussi parce que cette scène évoque ce pourquoi j’aime tant Rome. Ce "non respect d’un édifice Antique et majestueux". Non pas que les habitants de Rome ne respectent pas leurs monuments, mais ils vivent avec, ne les mettent pas sous cloche. Rome n’est pas une ville musée.  
-       Jeune homme lisant sur un chapiteau corinthien. Parce qu’il est beau ce jeune homme. Et qu’il a bien de la chance de s’appuyer sur ce chapiteau, même si il cherche encore la position parfaite (si si, regarder son pied gauche).
-       Les échafaudages de la fontaine de Trevi : le jeune Hubert Robert était à Rome lors de l’installation des sculptures et a croqué ce moment qui va compter dans l’histoire de l’urbanisme de la ville.
-       Le port de Ripetta à Rome. Cette toile m’a fascinée, et pour analyser cette attirance, j’ai repensé à la notion évoquée par Roland Recht dans un bouquin La lettre de Humboldt, du jardin paysager au daguerréotype, un essai exigeant mais fabuleux qui évoque la "mise en place des reliques culturelles" dans les jardins à l’anglaises, les gravures, et plus tard dans les premières photographies. 

4/ Parce que Ruines + Voyages en Italie + Jardin = recette parfaite pour mettre en marche l’imagination du spectateur (et aussi un peu sa réflexions sur notre court passage sur cette terre, mais ça, c’est selon l’humeur)
Il faut reconnaitre que l’esthétique de la ruine et l’architecture d’ornement de l’art des jardins ont depuis toujours excités mon imagination. En 2000, j'ai lu une explication limpide sur cette fascination, elle est proposée par Madame de Staël en 1813 (4 ans après le décès de Hubert Robert), dans son ouvrage De l’Allemagne « les ruines des beaux arts parlent à l’imagination, elles reconstituent ce que le temps a fait disparaître, et jamais peut-être un chef d’œuvre dans tout son éclat n’a pu donner l’idée de la grandeur, autant que les ruines mêmes de ce chef d’œuvre. On présente les monuments à demi détruits, revêtus de toutes les beautés qu’on suppose toujours à ce qu’on regrette… »

5/ pour les scènes du quotidien qui se jouent dans presque chaque tableau.
Mais Guillaume Faroult les présente tellement mieux que moi, qu’il faut y aller pour les repérer et les admirer !

Alors Go Go Go !