jeudi 6 décembre 2012

Hommage (tarte à la crème) à Oscar Niemeyer : le siège du Parti Communiste

Dure journée pour les amoureux des années 60. Dave Brubeck et Oscar Niemeyer disparaissent tout les deux aujourd'hui, me laissant avec un petit doute sur la possibilité de retrouver un jour une époque aussi riche culturellement.

Ceux qui s'intéressent à l'architecture connaissent évidemment cet immense architecte qu'est Oscar Niemeyer. Mais comme une partie des lecteurs du blog sont des curieux qui ont soif d'apprendre, je me permets de faire un modeste post sur le siège du PC place du Colonel Fabien à Paris.
O. Niemeyer - Esquisse pour le siège du Parti Communiste

Les premières esquisses du projet sont réalisées en 1965, le bâtiment sera livré en 1971 (la coupole et le parvis en 1980) avec la collaboration d'autres maîtres d'oeuvre qui ne nous sont pas inconnus : Paul Chemetov et aussi Jean Prouvé qui réalise le mur rideau (voir article sur la tour Nobel de la Défense).
Le bâtiment en 2012 vu depuis la place du Colonel Fabien - Google map
L'édifice est en partie enterré afin de laisser un large parvis. Sous la large coupole on trouve donc le grand hall et surtout la merveille des merveilles : la salle du conseil nationale, tout droit sortie de 2001 l'odyssée de l'Espace !
Salle de conseil national - photo Alice Benusiglio




dimanche 28 octobre 2012

La gare Lisch à Asnières-sur-Seine - Comment sauver un bâtiment pourtant déjà inscrit à l'Inventaire Général ?

La gare Lisch est un monument inscrit depuis 1985 à l'Inventaire Général des Monuments Historiques. Pourtant il est dans un état de ruine.

Je ne suis pas pour tout sauvegarder, et je ne pleurai pas, par exemple, sur la démolition de l'entrepôt de la Banque de France situé Grande Rue Charles de Gaule toujours à Asnières (cette démolition est prévue dans le cadre d'un projet immobilier qui prend tout de même soin de réhabiliter le superbe bâtiment des archives). Pour la gare Lisch, c'est différent, non seulement elle présente des qualités architecturales (structure métallique) et décoratives importantes, mais en plus, il s'agit quand même d'un bâtiment conçu pour l'Exposition Universelle de 1878. Ça se conserve !

Bref rappel historique :  Juste Lisch, l'architecte de ce bâtiment, est également l'architecte de la gare St Lazare. On lui demande de réaliser l'embarcadère du Champs de Mars, terminus du tronçon de 3 km qui relie la petite ceinture (via la station Grenelle Ceinture) aux espaces de l'Exposition Universelle de 1878 (puis de 1889). La gare était située à l'angle de la rue de Suffren et de l'actuel Quai Branly. Son emprise est aujourd'hui occupée par le Centre sportif Emile Anthoine.
Extrait du plan de Paris, collection hachette - 1894

Car en effet, la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest ayant eu l'un de ses ateliers détruit lors du cyclone du 18 juin 1897, elle fit transférer la gare à Asnières, impasse des Carbonnets pour en faire un nouvel atelier. Ce bâtiment remarquable retrouva même sa fonction de gare de voyageurs entre 1924 et 1937, pendant les travaux de la gare actuelle de Bois-Colombes (autre bâtiment remarquable que je signale au passage et que l'on la doit à Urbain Cassan, l'architecte de la gare de Brest). 

Quelques vues du bâtiment initial provenant de "l'encyclopédie d'Architecture", publié en 1878.
Élévation latérale

Élévation de la façade principale

Plan de l'intérieur

Je ne présenterai pas de vues actuelles (c'est un peu trop démoralisant), on notera juste que le linteau et les tuiles vernissées n'existent plus. 

Soutenons la gare Lisch et espérons qu'un beau projet y fleurira rapidement, pourquoi pas une "cité du voyage".

dimanche 2 septembre 2012

Avoir des racines


Quelles sont mes racines ? Delphine Sz, à première vue en Pologne. Non, rien à voir, ça c'est l'histoire de mon A. 

La définition officielle est le lieu où sont enterrés nos ancêtres. En Franche-conté alors ? non plus,  la Haute-Saône n'évoque pour moi que deux séjours annuels obligatoires à Noël et au 15 aout du temps de mes grands-parents. 

Le lieu où je suis née. Poitiers. Aucun souvenir, j'en suis partie à trois ans. 

Et puis j'ai compris que mes racines à moi sont au Pêchereau, Indre. 
9 années. De trois à onze ans. Mon enfance. L'insouciance. Des parents qui veillent et se chargent de l'intendance. Pas (encore) de contraintes sociales. 
L'ennui, la liberté, la classe unique, la neige en hivers, la chaleur écrasante de l'été, mon vélo gris hérité de ma grande soeur.

Alors l'été dernier je suis aller retrouver un petit bout de mes racines. Au Menoux. Village typique de MA campagne. J'y ai retrouvé la chaleur d'aout, le "chateau" de mon enfance qui n'est en faite qu'une maison bourgeoise transformée aujourd'hui en chambres d'hôte. L'église de Carrasco (qui est mort, mais heureusement les couleurs de la nef sont toujours aussi vives que dans mes souvenirs).

Et puis ce petit gîte au milieu des vignes, le long du chemin qui descend vers la creuse. C'était bon. Mes deux A ont adoré et la petite passagère clandestine y reviendra pour de vrai. 

L'allée du Bourgoin

dimanche 20 mai 2012

Visite improvisée de l'Église du Raincy

Intérieur de Notre-Dame-de-la-consolation. Cliché DSz
Notre-Dame-de-la-Consolation (livrée en 1923) regroupe tous les ingrédients d'un projet voué à l'échec : pas de moyen, pas de temps (13 mois de travaux) et un terrain peu approprié (étroit et caractérisé par une forte pente). C'était compter sans le génie des frères Perret qui vont créer il faut bien le dire un hangar qui grâce à son volume intérieur et à la magnificence de ses vitraux devient la Sainte-Chapelle, cette Jérusalem céleste qui  "nimbent l'air de couleurs et de lumière".
Pour remédier au manque de moyen et au manque de temps Auguste et Gustave Perret vont utiliser le béton qu'ils maîtrisent bien depuis que ce procédé leur a permis de sauver le chantier du Théâtre des Champs Élysées (1913) et a couronné de succès la réalisation du garage rue de Ponthieu (1906). En effet, le béton armé  qui présente de grandes potentialités structurelles permet de créer une voûte qui s'appuie sur de simples colonnes et dispense l'édifice de contrefort extérieur mais aussi permet d'évider les murs pour qu'ils deviennent le support des vitraux de Antoine Bourdelle, Maurice Denis et Marguerite Huré.
Détail du vitrail - Cliché Fred

En ce qui concerne le terrain, les frères Perret utilisent judicieusement la pente pour loger dans le dénivelé les espaces de la sacristie et ainsi dédier aux fidèles la totalité du niveau accessible depuis l'avenue de la Résistance.
Arrière de l'édifice vu depuis l'allée de Verdun - Cliché DSz

Bref, une petite merveille classée Monument Historique en 1966, à ne pas manquer surtout qu'elle est à deux pas de la gare RER Villemonble-Le Raincy. Bonne visite !


dimanche 22 avril 2012

Une ville nouvelle de... 1631 en Indre-et-Loire

Ville nouvelle, ville qui naît d'une volonté publique, qui se construit en peu de temps sur un territoire au paravant peu ou pas habité.
On pense à Cergy-Pontoise, Evry, Saint-Quentin-en-Yvelyne, Marne-la-Vallée ou encore Sénart.
Un peu moins à Richelieu (37).
Richelieu - Vue aérienne Géoportail

C'est Jacques Lemercier (l'architecte du Palais Royal et de la Sorbonne) qui est chargé de construire cette cité idéale par devinez qui... le Cardinal de Richelieu.

Le plan retenu est de type hippodamien (du nom de l'architecte grec). La ville fait 700 mètres de long sur 500 mètres de large et s'étend autours de deux axes de symétrie : l'un Nord/Sud (la Grande rue) et l'autre Est/Ouest (rue Traversière).

Le visite vault vraiment le détours. Une fois dans l'enceinte c'est comme si on plongeais dans la carte. Les rues sont à angle droit et on comprend instinctivement où sont installées les différentes fonctions de la ville : La place du marché et les commerces à l'entrée, les écoles et lieux de culte à l'opposé.
À ne pas louper, la pause sur la place Louis XIII (à proximité de l'office du tourisme). Si le décors planté est bien du XVIIe siècle, l'atmosphère y est très 1960, en fait, le temps c'est figé.

La lecture de la notice de Pérouse de Montclos dans la "bible" sur l'architecture moderne (Histoire de l'architecture française) nous apprend que la ville n'a jamais eu un peuplement conséquent, et ne s'est jamais développée (on le voit d'ailleurs clairement sur la photo aérienne).
Projet raté donc, comme si on pouvais ajouter à la définition officielle de ville nouvelle la notion d'échec. Je fais ici allusion au concept des villes nouvelles sur dalle (Evry, Cergy-Pontoise) qui sont également aujourd'hui un échec total du point de vu des circulations

Bref pas facile de créer une ville... Rien de mieux qu'une bonne citée romaine à côté d'une voie de circulation ou d'un fleuve avec des édifices qui ne servent plus et dont on peut utiliser les pierres pour construire de nouveaux bâtiments.

Quoi qu'il en soit, Richelieu est une expérience urbanistique à vivre absolument si vous vous trouvez entre Chinon et Poitiers.

vendredi 6 avril 2012

La tour Nobel (ou Initiale) - Un dinosaure à la Défense...

Photo Martin Moreau la tour côté esplanade,
au premier plan les arbres lumineux de Takis.

Cette tour de bureaux de 31 étages a été livrée en 1966. Les architectes Jean du Mailly (CNIT) et Jacques Dépussé s'inspirent de la tour SC Johnson Wax Research de Franck Loyd Right (à Racine, au Nord de Chicago) et font appel à Jean Prouvé pour les aider à mettre en oeuvre la façade. C'est Prouvé qui trouve le moyen de faire tenir l'édifice tout en le dotant de murs rideaux (c'est à dire des murs qui ne tiennent rien !). Le bâtiment est facilement reconnaissable avec ces angles arrondis si caractéristiques (mais ça, c'est l'idée piquée au génial Franck Loyd Right).
J'ai toujours cru que c'était la Tour Nobel qui avait inspiré Tati pour Playtime, mais non, c'était la tour Esso aujourd'hui détruite pour laisser place à "coeur défense". Petite vue de 1966 : la tour Nobel est au premier plan, le cnit au fond, la tour ESSO est entre les deux.

Photo piquée sur le site de www.vision80ch13.org,
consacré à un autre bâtiment emblématique du quartier

Pas grand chose dans la base du ministère sur l'aménagement du quartier de la Défense, ça manque !!! J'ai quand même découvert en feuilletant la notice du CNIT que c'est Prouvé qui est intervenu pour réaliser les vitrages. Je ne le savais pas.

mercredi 21 mars 2012

La chapelle Saint-Daniel à Asnières-sur-Seine

En rentrant du parc, je suis toujours fascinée par cette église qui, après recherches, est en faite une chapelle. Nous sommes en plein dans les années 60 (1961 visiblement). L'architecte est Boiret. Georges ? Henry ? Felix ? Yves les fils de Georges ? Un petit jeune de l'agence de Georges Henry et Felix ? Si quelqu'un a des détails, je prends.
En parlent de détail...
J'adore !
Promis, un jour je rentre et je fais des photos des vitraux de Philippe Lejeune. 

Quand Tony Garnier ne construit pas à Lyon : l'Hôtel de Ville de Boulogne-Billancourt

"une usine municipale" est l'expression appropriée pour cette merveille réalisée par Tony Garnier (architecte) et André Morizet (maire et maître d'ouvrage éclairé).
C'est à l'occasion d'un mariage que j'ai eu la chance de pénétrer dans l'édifice et d'être eblouie par le décor intérieur de la salle des cérémonies.
Le dossier de la base Mérimée m'informe que Jean Prouvé a été l'ingénieur du projet. 
Le bâtiment est caractérisé par une distinction des 2 parties qui le composent : au Sud la partie de réception couverte de pierre de Comblanchien (où est située la salle des cérémonies)
et au Nord la partie administrative traitée en béton, plus austère. 
Photos N&B de M.Gravot publiées dans l'Architecte en 1934.

  

mercredi 22 février 2012

Un petit arrêt sur Roux-Spitz


C'est vrai, moi aussi je suis très émue par l'escalier créé par Michel Roux-Spitz en 1936 pour la Bibliothèque Nationale, on y passe à la sortie de la galerie de photographie (merci Céline de me l'avoir fait découvrir)


Élève de Tony Garnier, Roux-Spitz est surtout connus pour ses immeubles de logements somptueux (à Neuilley-sur-Seine notamment). Mais il a aussi oeuvré près de chez moi, à Gennevilliers, pour une usine de construction mécanique. C'est simple, efficace, beau, c'est du 1930 "brute" et c'est toujours visible aujourd'hui. 

mercredi 15 février 2012

Allégorie sur la toute puissance du hasard

Trois jeunes filles dénudées (nous sommes dans une allégorie, et dans les allégories du XVIIe siècle, les jeunes femmes sont en petite tenue) jouent au dés. La blague c'est de déterminer qui mourra en premier. Ça fait bien rire la mignonne assise à droite et qui vient de gagner. Mais bientôt ça va être... la tuile.

Le tableau est au Musée du Louvre; il est de Laurent la Hyre (vers 1630), il est intitulé les joueuses de dés ou la tuile et sera visible en 2013 après la réouverture des salles consacrées à la peintures française (Sully, 2e étage).

Le sujet est tiré d'un recueil de poèmes d'André Alciat publié en France en 1550, Emblemata.